L'instruction des enfants : un combat essentiel

07/12/2023

Partie II : Jules Ferry à nos jours : 140 ans d'imposture de l'école laïque, gratuite et obligatoire (1/2)

  « Ce qu'il faut, c'est organiser l'humanité sans roi et sans Dieu. » Jules Ferry. Cette phrase à elle seule, résume toute la politique de Ferry. C'est la véritable raison des réformes effectuées pour arriver à cette école laïque, gratuite et obligatoire que nous connaissons bien, réformes derrière lesquelles se rangent tous les politiciens lorsqu'il est question d'éducation.

  Qu'en est-il vraiment de ces lois Ferry ? Quelles ont été les raisons officielles et les raisons officieuses ? Enfin, que peut-on penser aujourd'hui de notre système éducatif basé sur ces principes ?

  Lois Jules Ferry (1881-1882) et le parcours pour y arriver

  Les lois Ferry sont 2 lois qui ont été votées au cours de la III° république, rendant tout d'abord l'école gratuite et l'instruction primaire obligatoire (loi du 16 juin 1881) puis une fois cette loi appliquée, l'école devient obligatoirement laïque (loi du 28 mars 1882). Voici les faits de l'histoire officielle que nous connaissons tous et qui s'arrêtent assez souvent ici.

  Ces lois sont le fruit d'un long travail acharné, d'un plan implacablement appliqué sur plusieurs années, passant par des étapes pour le moins surprenantes quand il est question de rendre l'école accessible à tous…

  Dès 1792, les républicains avaient compris que, s'ils voulaient installer durablement la Révolution en France, il fallait que ce soit d'abord dans les esprits : il était donc essentiel d'avoir la main mise sur l'école et l'éducation des enfants. Partant, nous comprenons mieux les préoccupations essentielles des loges maçonniques (est-il besoin de préciser que la Maçonnerie est à l'origine de tout cela ?) : corrompre la femme, et laïciser l'enseignement.

  Pour mieux comprendre les lois Ferry dont il est question, dressons un portrait de notre homme.

  Jules Ferry, né en 1832, était un avocat, qui se sentait une vocation de républicain. Il est initié à la Franc-maçonnerie en 1875, mais il applique déjà une bonne partie de leur programme depuis longtemps. Toute sa vie est calculée, rien n'est laissé au hasard, en toutes choses il s'applique à servir ses propres intérêts.

  « Ferry fut un politicien servile, un ambitieux capable de tout, un bonhomme tortueux et oblique sous des allures romaines, un imposteur et un fripon. » François Brigneau.

  « Il était l'exécuteur prédestiné des œuvres infâmes de l'Intérieur… il est féroce contre tout ce qui est faible, et volontiers implacable contre tout ce qui est noble et généreux mais, au demeurant, c'est plutôt l'homme de la boue que du sang, et la France était à regarder cela comme un bien. » Edouard Drumont.

  Voici quelques actions qu'il a mises en place pour préparer le terrain et parvenir à ses fins. Il va réussir, grâce à un projet de loi qu'il passera en force en 1879 (allant jusqu'à utiliser des préceptes de l'Ancien Régime), à dissoudre les congrégations religieuses, particulièrement les Jésuites, par un article vicieux, le fameux article 7 : « Nul n'est admis à diriger un établissement public ou privé, de quelque ordre qu'il soit, ni à donner l'enseignement, s'il appartient à une congrégation non autorisée. » L'enseignement était donné essentiellement par des congrégations non autorisées, mais tolérées sans avoir été reconnues officiellement depuis leur interdiction pendant la Révolution…

  Les religieux se voient donc expulsés sans ménagement de toutes leurs maisons.

  Puis c'est au tour des femmes : il propose l'ouverture de lycées pour les jeunes filles, afin qu'elles soient mieux instruites. Projet honorable, semble-t-il, mais voici quelques mots prononcés par Ferry en 1870 déjà, qui nous révèlera son véritable projet : « Celui qui tient la femme tient tout. C'est pour cela que l'Eglise veut retenir la femme. Et c'est aussi pour cela qu'il faut que la démocratie la lui enlève. »

  Mais ce ne sera pas sans opposition et le premier lycée de jeunes filles ne verra le jour qu'en 1907. « Les femmes chrétiennes ont fait de la France la première nation du monde, en attendant que vos libres penseuses en fassent la dernière des nations. » Le député Emile Keller ne croyait pas si bien dire …

  Arrive enfin cette fameuse réforme scolaire que Ferry mettra en place dans son style préféré : l'imposture organisée. Pour ce coup-là, Jules Ferry mettra en avant une réforme secondaire en la faisant passer pour primordiale : l'école gratuite et obligatoire. Voici en quels termes elle a été présentée : « Il faut des écoles partout, il faut des maîtres partout. […] Il faut surtout que cette école soit obligatoire. Il faut qu'elle soit obligatoire pour soustraire à l'industrie parfois peu scrupuleuse la main-d'œuvre enfantine. Il faut qu'elle soit obligatoire pour empêcher que les parents, parfois avides, tirent profit de leurs enfants. Il faut qu'elle soit obligatoire pour obliger ceux-ci à renoncer aux tentations de l'école buissonnière, du vagabondage et de la paresse, mère de tous les vices. »

  Qui peut se permettre de ne pas être d'accord avec de telles intentions ?

  Mais c'est là que réside toute la fourberie du personnage : cette première réforme remportée, il n'aura presque aucun combat à mener pour faire passer la seconde, la plus importante et la plus destructrice : l'école obligatoirement neutre, l'école laïque.

  Le rouleau compresseur est en marche : l'école devient un lieu dont la religion est la république, et dont la mission est de former des républicains.

  « Le prix de la lutte, ai-je besoin de vous le rappeler ? Qui tient les écoles de France, tient la France. » Jean Macé.

  A suivre…

Jehanne de Brey